Une chasse à courre se termine en boucherie devant les enfants dans un espace de loisir

– Commune de Saint Léger en Yvelines –

Une chasse à courre s’est terminée dans un espace public récréatif à St Léger en Yvelines. Ce n’est pas la première fois que cette commune subit ce type d’incident. Un cerf s’est jeté dans la mare Gautier pour échapper à la meute. Il s’est finalement noyé d’épuisement et a été dévoré par les chiens. Spectacle imposé aux familles et enfants qui se trouvaient là ce week-end.

2 familles ont déposé plainte.
JADE a rencontré le maire de St Léger et est intervenue auprès des différents acteurs.
Le Maire explique que tout est légal et qu’il ne peut rien faire, invoquant le « Droit de suite » (alors que l’animal n’était pas blessé).

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COURRIER DE JADE

Monsieur le Maire,

JADE fédère une vingtaine d’associations de protection de l’environnement depuis 25 ans. Les incidents à répétition des chasses à courre en centre village poussent à agir. Disposant d’un agrément Préfectoral Départemental (n°AD01-074/DUEL), JADE est aussi soutenue par l’Union des Amis du Parc, en relation avec le PNR, l’ONF, la Préfecture et autres acteurs publics.

Notre propos ne consiste pas en une opposition doctrinale à la chasse, mais aux nécessaires mesures à prendre concernant l’exercice du droit de suite sans limites, notamment en centre village.

Le danger physique des chasses à courre est évident, un animal traqué est dangereux. Les habitants de St Léger gardent aussi en mémoire ce photographe, décédé suite à la charge d’un cerf lors d’une chasse. Ils craignent les dérapages récurrents des chasses en centre village. Le loisir des uns peut-il mettre en danger la vie des autres de la sorte?

Si les pires événements sont évités, il reste les dommages psychologiques, reconnus des praticiens, moqués des chasseurs, particulièrement auprès des jeunes, à qui le spectacle d’une mise à mort par exemple ne saurait être imposé (tous les parents n’envoient pas leurs enfants visiter des abattoirs pour leur expliquer qu’ils mangent de la viande…).

Par ailleurs, les veneurs sont-ils en mesure de garantir la sécurité du public? Contrôlent-ils leur meute, une fois lâchée? Est-il raisonnable de laisser une demi-centaine de chiens se ruer vers les habitants et promeneurs dans le village ?

Les chasseurs pourraient faire preuve de sagesse et d’esprit sportif en abandonnant la poursuite quand la chasse quitte son territoire « naturel ». Bien que légal, l’exercice du droit de suite serait-il accepté par les Autorités en plein centre de Rambouillet par exemple? Alors, pourquoi à St Léger?

Les habitants « tolèrent » d’être empêchés alors qu’ils profitent de la forêt et qu’une chasse à courre les somme de quitter les lieux. Peut-on leur demander davantage, doivent-ils évacuer le centre village au profit du loisir d’une minorité?

Plutôt que de créer des clivages, ou des conflits, la prévention nous semble appropriée.

Monsieur le Maire, nous soumettons à votre jugement la possibilité d’adoption d’un Arrêté Municipal d’interdiction de chasse à courre en centre village et espaces récréatifs.
Une deuxième mesure positive consisterait à légiférer pour que les chasses à courre se déroulent en semaine et non pas le week-end et jours fériés.

Notre collectif, comme les habitants de St Léger, seront attentifs à votre réponse. Comme son nom l’indique le droit de suite de la chasse est un Droit, mais la protection des populations est un Devoir pour les Autorités, dont la responsabilité pourrait être engagée. Preuves ont été faites que le bon sens n’est plus suffisant pour éviter les débordements, c’est pourquoi des mesures Réglementaires sont maintenant indispensables.

Il nous a également semblé qu’un abus de Droit pouvait être invoqué, car le droit de suite s’exerce dans le cas d’un animal mortellement blessé, et les faits relatés ne mentionnent pas toujours des animaux dans cet état. Une simple motivation à poursuivre la chasse est en fait à l’œuvre.

Nous nous tenons à votre disposition pour tout rendez-vous que vous pourriez souhaiter, et vous prions de croire, Monsieur le Maire, à l’expression de notre plus haute considération.


LETTRE DES HABITANTS

Messieurs,

Je vous supplie de faire quelque chose. Hier après-midi en plein coeur de notre village, un cerf a essayé de sauver sa peau. Nos habitations donnent sur un petit étang appartenant à la ville de St-Léger-en-Yvelines, en plein coeur de la forêt de Rambouillet. Les premières habitations sont à peu près à 50m de cet étang, et comme tous les samedis nos familles et nos amies se promènent autour de notre étang qui a été aménagé pour notre détente.

Mais hier nous avons assisté à la mise à mort d’un cerf.

Des personnes courageuses ont essayé d’empêcher cette tuerie mais sans résultat.

Le cerf est venu se jeter dans notre étang pensant trouver un refuge. Mais ses seigneurs de la chasse à courre l’ont regardé se noyer au milieu de notre étang. Le cerf était traqué par les chiens de la meute et était épuisé, il n’avait plus aucune chance. L’eau est glacée, son agonie a duré trop longtemps.

Ces Messieurs de la chasse à courre qui se prennent pour des seigneurs et nous prennent pour leurs cerfs sont restés là jusqu’à l’agonie de ce pauvre cerf, plus tous leurs rabatteurs.

Au nom de quel droit font-ils ça ?!! Il est établi dans les archives qu’à la R évolution, le privilège de la chasse à courre a été interdit, et que même leur soit-disant St Hubert a lui même arrêté de pratiquer cette tuerie.

Que faut-il faire ? Dîtes-nous ce qu’il faut faire. Nous savons que cette barbarie existe dans nos forêts mais quand un cerf n’est plus dans la forêt mais dans une ville, y-a-t-il un moyen de dénoncer cette barbarie ?

Il y a 5 ans à peu près, je me trouvais avec deux de mes petits neveux sur le petit pont qui sépare notre étang de la forêt, quand s’est produit la même chose. J’ai essayé de les empêcher de passer mais deux gendarmes montés des Bréviaires sont venus sur moi et m’ont prié de m’en aller sans faire d’histoire. Ils m’ont demandé de rentrer chez moi si ce genre de spectacle ne me plaisait pas et d’arrêter d’ameuter les promeneurs sous peine de représailles à mon encontre.

Je vous demande de nous répondre très vite, nous ne voulons plus de cela à Saint Léger en Yvelines.

Sincèrement.

Des habitants du village de Saint-Léger-en-Yvelines.

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